Antoine nous raconte son salon de la moto

Antoine, vous le connaissez si vous n’avez pas raté un épisode du vidéomaton qui a cartonné sur le stand MJ au Salon de la moto : son imitation de Rossi était à se tordre… Antoine ne nous est pas inconnu à MJ, il est l’un de nos stagiaires récidivistes et appréciés. En attendant qu’il finisse ses études et nous envoie son CV, il nous a rédigé un compte rendu du salon vu de son œil de spectateur :

 » On le sait, on nous l’a assez répété, c’est la crise. Et sans surprise, le monde de la moto n’est pas épargné. Par conséquent, les marques freinent leurs investissements, et certains constructeurs se retirent des championnats mondiaux avec la même justification: « pour mieux se consacrer à la clientèle dans cette conjoncture économique difficile ». Il est vrai que le client est la perle rare à conserver coûte que coûte, quand les affaires tournent mal, car c’est lui qui achète, qui consomme. Le retour du Salon de la moto de Paris au devant de la scène, après plusieurs années d’absence, était le moment parfait pour ces marques, qui pouvaient tout mettre en œuvre pour éblouir, séduire et convaincre le visiteur d’acheter, pour redémarrer le moteur. Vous conviendrez que cette stratégie est plus payante à court terme que l’investissement de sommes considérables dans les compétitions… Toujours est-il que ces clients, nous en faisons tous partie. J’ai donc décidé de me rendre porte de Versailles, du 30 novembre au 4 décembre, et d’aborder ce salon en tant que visiteur. Ainsi, je voulais faire un bilan des raisons qui nous poussent à nous y rendre, examiner les plus et les moins mais aussi les attractions et les déceptions de cette édition. Pour que ce bilan soit représentatif, j’ai interrogé plusieurs personnes entre deux stands, au travers des allées.

Salon de la moto : le retour ! Cette édition du salon de la moto était très attendue. Après 4 ans d’absence, il revient porte de Versailles, occupant trois pavillons durant 5 jours. Pas assez, comparé aux éditions précédentes, selon quelques visiteurs, mais on se réjouit déjà qu’il ait été organisé… Au programme, des essais, des séances d’autographes, et des stands où admirer les nouveautés, pas si nombreuses que ça. On comprend bien que la crise est passée par là. Le nombre d’exposants était quant à lui assez satisfaisant, avec la présence de la grande majorité des leaders du marché. Au niveau des nouveaux modèles, KTM et Ducati BMW, Triumph et MV Agusta se distinguaient de la concurrence. Les marques japonaises, occupant des stands immenses, compensaient ce déficit de vraies nouveautés (mis à part le Tmax repensé, la CBR 1000 RR au design retouché et la Honda 700 NX) par la présence de machines de compétition. Légitime pour Yamaha qui avait organisé une exposition retraçant les 50 ans d’engagement en Grands Prix de la marque (l’occasion de voir des machines mythiques) et Honda, qui présentait quelques motos des compétitions auxquelles elle participe. Mais il fut assez surprenant de retrouver une MotoGP de Bautista chez Suzuki, puisque la marque a abandonné le MotoGP il y a quelques jours seulement. « Ils ont raison d’exploiter le filon jusqu’au bout », m’affirma un visiteur pour le moins pragmatique. Signalons aussi le bel hommage de la part de Honda et Gilera, qui ont sur leurs stands respectifs exposé des machines de Marco Simoncelli, permettant aux visiteurs de saluer pour une dernière fois SuperSic.


Découvrir, s’informer… et discuter. D’ailleurs, parlons-en, de ces visiteurs : on les séparera en deux catégories. Ainsi, certains découvraient pour la première fois le salon, et étaient séduits par le nombre de motos et l’ambiance. Ils venaient surtout pour la mobilité et la praticité du deux-roues en milieu urbain. Cependant, en majorité, ce sont des motards passionnés venus se tenir au courant des nouveautés. Un d’eux m’a dit « Le salon pour s’informer, car on voit tous les nouveaux modèles en même temps, et après, la concession pour acheter. »
Pour les motards passionnés. Une grande partie de ceux que j’ai pu interroger étaient des habitués des salons, et pouvaient donc constater le nombre assez réduit de visiteurs le premier jour. Idéal, pour monter sur les machines qui vous font de l’œil, ou alors discuter avec les pilotes venus signer des autographes. Une des grandes attractions de ce salon… Parmi eux, Randy de Puniet, Johann Zarco, Carlos Checa, Cyril Despres et les pilotes du Sert, du GMT 94, de la BMW 99 et de la Kawasaki SRC, (toutes des équipes françaises du championnat mondial d’endurance). Le calme avant la tempête, qui déferla progressivement au parc des expositions de la porte de Versailles : une foule immense et compacte bloquait presque l’accès à certains stands et transformait le chemin vers les plus belles machines en un parcours du combattant.

C’est vrai que le stand Ducati, où était exposée la Panigale, n’a pas désempli de la semaine… La nouvelle bombe rouge a fait tourner la tête à bien des motards, dont Alan Techer, fraîchement confirmé en championnat Moto3 dans le team CIP, qui a bien voulu donner son avis sur le salon. Invité par la fédération, il a pu découvrir la Ducati 1199 Panigale, son coup de cœur : « Je ne savais pas à quoi elle ressemblait, et là, franchement… » (Comprendre « je suis comblé ») ! Les autres machines qui avaient la cote ? MV Agusta n’était pas en reste avec les Brutale et F3 675. La Nuda d’Husqvarna a intrigué et attiré. De leur côté, KTM et Triumph ont beaucoup séduit, avec les Duke 125, 200 et 690 pour l’une, et les Speed Triple et Daytona pour l’autre. Enfin, la guerre des maxi-scooters a repris de plus belle. Le Tmax, toujours invaincu et ayant été repensé pour un caractère plus « moto » et de meilleures performances, doit contenir son nouvel ennemi, le BMW C 600. La marque allemande n’a pas su choisir entre le pratique et le sportif, et propose donc deux versions de son scooter. Ces machines, au croisement des motos « passion » et « utilitaires », nous poussent à étudier de plus près l’autre groupe des visiteurs venus, pour qui le deux-roues est un véhicule pratique en ville, et pour les petits déplacements quotidiens.


Et les citadins en quête de mobilité. Ces derniers avaient aussi leur place dans le salon : pour cause, Moto85 a organisé des essais de scooters et motos 50 cm3 et 125 cm3. Destinés uniquement à cette catégorie de visiteurs, les essais permettaient aussi de tester des scooters électriques. Bon nombre de personnes ont donc découvert ce nouveau type de deux-roues, alliant silence et autonomie maintenant acceptable (60 km pour le Peugeot e-vivacity). Ces essais ont dans l’ensemble été appréciés par la clientèle visée, grâce à des formalités réduites et des organisateurs disponibles. On regrette évidemment que cet événement ne soit étendu aux motos de plus grande cylindrée, mais qu’on se le dise, pour prendre pleine mesure d’une machine, il faut plus que deux tours de pâté de maison… Les marques qui dominent ce marché spécifique sont Piaggio (les MP3 et Vespa, c’est eux), MBK, Peugeot (qui lance le Metropolis pour concurrencer le MP3). Et les traditionnels Yamaha et Honda. Cette édition a donc apparemment contenté les deux catégories de visiteurs.

Du choix, mais pas tant de nouveautés… Un large panel de deux-roues était présent : scooters, anciennes, customs, trails, sportives, roadsters, cross, supermotards, quads, électriques, side-cars, protos de course et même des PW pour les plus petits. Il y avait du choix… Ce qui montre l’importance au niveau national du salon, qui représente le monde de la moto dans tous ses aspects (ou presque) le temps d’une petite semaine. Une bonne partie des personnes arpentant stands et allées a été convaincue d’acheter un produit, ce qui confirme la volonté des marques de charmer le visiteur durant l’évènement. Concernant le salon en lui-même, les habitués, bien que réjouis de cette édition qui revenait enfin, ont été déçus par sa durée et sa taille. Un visiteur interrogé à ce sujet a dit à juste titre, bien que cet avis soit un peu extrême : « Sur un événement comme ça, [les marques doivent faire] l’effort de venir en masse ne serait-ce que pour vendre, mais là, ça ne donne pas vraiment envie d’acheter… » On entre ici dans le dilemme des marques, qui doivent délimiter le plus justement possible le budget à allouer aux événements promotionnels comme les salons…

C’est déjà fini… Ce salon fut donc une édition globalement satisfaisante, surtout après 4 ans d’absence. La fréquentation a été remarquablement élevée (plus de 180 000 visiteurs), ce qui montre l’attachement des motards français à leur salon majeur. Même si on regrettera le déficit de place ou de nouveautés en raison de la situation économique, les marques ont su en majorité nous séduire, et pousser à la consommation. Au-delà de cet aspect purement commercial, je résumerai le salon 2011 par sa bonne ambiance et sa convivialité, en partie grâce à la présence de pilotes sympathiques et disponibles, d’animations comme les démonstrations de stunt ou supermotard, et surtout du videomaton MJ, qui a permis aux stars et anonymes de lâcher leur excitation dans des vidéos pour le moins délirantes. C’est sûr, on reviendra la prochaine fois ! »

Antoine Trinh



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7 commentaires sur cet article
  1. Félicitations jeune homme, je sais pas quel âge tu as mais tu as de l’avenir, non seulement j’aurais aimé avoir ta prose étant plus jeune mais je dois t’avouer que toute notion d’âge exclue, j’aimerais écrire aussi bien.

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  2. Antoine Trinh

    Merci beaucoup.
    Je dois dire que je suis très touché de l’attention que me porte Moto Journal, et que c’est pour moi une immense récompense que de paraître sur ce blog. J’ai essayé de réaliser un reportage assez complet, mais quand même original, pour dissimuler le fait que du haut de mes 16 ans, je ne connais pas aussi bien le monde de la moto que beaucoup d’entre vous.
    Merci pour les compliments, mais tout cela n’aurait jamais été possible sans tous les membres de Moto journal qui m’ont guidé et aidé lors de mes deux stages. Merci à tous, donc, et bonne route !

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  3. Salut Antoine, si j’avais su j’aurai fait appel à toi pour me faire un reportage du tonner, je suis allez au salon, j’ai filmé,mais il me manque un reporter.
    En tout cas bravo a toi et continue à faire ce qui te plais.
    Nico

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  4. Jeronimoooo

    P… urée !!! 16 ans ?
    Chapeau, Antoine ! Je crois, et j’espère, qu’on a pas fini de lire ta prose 🙂

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  5. Chouette reportage vu par l’oeil du passionné et l’objectivité du lycéen…
    Je pourrait presque dire « j’y étais »… Ca donne envie d’y faire un tour même pour les néophytes. Une prochaine fois … en espérant que ce ne soit pas dans 4 ans alors !!

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  6. Bravo Antoine pour ce rédactionnel, on s’y croirait !! Tu as de l’avenir dans la profession. Maintenant il ne te manque plus que la pratique sur une moto. Je pourrais te donner des conseils de pilotage lol. A bientôt Telcou

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  7. Super bien écrit Antoine, si on rajoute le culot et le look, je te vois bien dans 3 ou 4 ans, venir compléter la riche brochette des motojournaleux et partir faire une grande virée sur une tite 125 et nous envoyer une carte postale d’un bout du monde. J’en connais un à qui ça ferait plaisir et qui t’encouragerait de la haut.
    Avec moi tu as déjà un afficionado.
    Chapeau bas.

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