Jules Cluzel : « Je suis super fier et content d'avoir gagné à Phillip Island »

Jules Cluzel a remporté la 1e course de Supersport de la saison sur une MV Agusta, alors que l’italienne n’avait plus connu le succès depuis 1976. Après cette victoire, il s’est confié à Moto Journal.

Le 23 février, en remportant la première course de la saison 2014 du championnat du monde Supersport, Jules Cluzel est rentré dans l’histoire. Il a remporté la course au guidon d’une MV Agusta… 38 ans après la dernière victoire de la marque. C’était en1976 au GP d’Allemagne, avec Giaccomo Agostini.

Moto Journal :  que représente cette victoire pour toi ?

Jules Cluzel : je suis surpris parce que ça a eu un impact assez fou au niveau international. J’ai reçu un tas de messages et la presse en a beaucoup parlé, même à l’étranger. Je ne m’attendais pas du tout à ce que ça ait cet impact. Je suis plutôt fier parce que j’ai vraiment tout donné lors de cette course, alors que c’était compliqué parce qu’on a vraiment eu beaucoup de galères. En plus, on gagne dès la première course, donc je suis super fier et content. Le fait que ça soit sur une MV, je trouve que ça change car les japonaises sont devant depuis un petit moment ; ça donne donc un petit plus.

Tu as eu beaucoup de soucis avec la moto avant la course. Comment as-tu abordé ce week-end ? Quel était ton objectif ?

En fait, on a eu du mal à mettre la machine au point pour qu’elle soit fiable et éviter les petits ennuis. On n’a vraiment pas roulé avant ! Mon objectif, avant le week-end de course, c’était de sauver les meubles et de ramener le plus de points possible. Après le warm-up, ça a changé parce qu’on a trouvé des solutions et qu’on a pas eu de soucis. L’objectif, du coup, c’était de remonter et de faire de mon mieux.

Entre le drapeau rouge, les chutes, ton départ de la 14e place… Comment as-tu vécu cette course ?

En fait, je suis bien remonté sur la première partie de course, je faisais attention à ne pas trop taper dans mes pneus. Maintenant, je pense que faire mieux que 4e ça aurait été compliqué, même si on ne sait jamais ce qui peut se passer. Mais, en partant 14e, pour moi c’était déjà un résultat plutôt correct. Ensuite, quand il y a eu le deuxième départ, c’était une toute autre course puisque je partais 5e au lieu de 14e, et, cette fois-ci, il n’y avait pas de question à se poser. On a mis des pneus neufs, donc il n’y avait pas besoin de faire attention à leur usure. Après, ça n’empêche pas de passer à côté ; l’exemple, c’est Sufuoglu et Van der Mark (tous deux sont tombés). Ils ont fait deux erreurs.»

Jules Cluzel, vainqueur de l’ouverture du championnat du monde Supersport, à Phillip Island, en Australie. (Photo DR)

Quelle a été ta stratégie ? En plus, tu as dû doubler Florian Marino, un autre Français.

Quand on est sur la moto, les émotions sont assez différentes. J’ai réussi à rester calme, même si je savais très bien que tout peu basculer d’un virage à l’autre, la moindre erreur aurait été fatale. Je ne me suis pas trop posé de question. Je sais que dans ces moments-là, vaut mieux être tout le temps devant. Je me suis concentré pour rester derrière Florian Marino et je voulais l’attaquer dans le dernier tour, le plus tard possible. Au moment où je veux le passer, je me fais doubler par Coghlan qui me gène un peu mais, en voyant son freinage aussi tardif, je me suis dit qu’il allait élargir et qu’il allait emmener Florian avec lui, ce qu’il a fait. Du coup, j’en ai profité pour passer Florian aussi. Ensuite, j’ai passé Kev Coghlan dans la petite épingle à droite, c’est une des dernières possibilités avant la ligne d’arrivée. Globalement, ma stratégie a fonctionné du début à la fin.

Cette victoire a-t-elle changé ton objectif pour la saison ? Quel est-il ? 

Mon objectif n’a pas du tout changé. Je suis revenu en Supersport pour être devant et espérer pouvoir jouer le titre à la fin de l’année. J’étais plutôt défaitiste, car cette course paraissait compliquée et j’avais vraiment peur de ne marquer aucun point, et au final on fait carton plein et on prend même de l’avance sur mes adversaires principaux : Kenan Sufuoglu et Michael Vd Mark. Ce qu’il faut, c’est continuer. Si on arrive à faire ce qu’on a envie de faire, la machine va être redoutable et j’espère pouvoir jouer devant plus facilement qu’à Phillip Island.

La prochaine course, à Aragon, aura lieu dans  un mois et demi, le 13 avril ! Que vas-tu faire d’ici là ?

Un mois et demi, c’est long ! Mais, au final, ce n’est pas plus mal vu que ça me laisse me remettre de mes émotions. On a prévu des essais. Normalement, on devrait rouler trois jours d’ici à la prochaine course, ce qui est super. Ça ne devrait pas être trop longtemps avant Aragon. On devrait avoir de nouvelles pièces pour pouvoir peaufiner la machine, ce qui est bien. Sinon, je vais m’entraîner et faire beaucoup de sport. Contrairement à Marquez, je ne fais pas de dirt, mais bon, je peux me faire mal en faisant n’importe quoi. Actuellement, je fais plutôt du ski de fond et de randonnée, du sport en salle, du vélo (plutôt à l’intérieur parce qu’il fait froid). Je vais peut être faire un peu de trial aussi.

Quel est ton objectif pour Aragon ?

Aragon est vraiment un très beau tracé que j’aime beaucoup. En 2012, j’étais en pole-position, donc plutôt bien, mais j’ai chuté, mais je sais pourquoi. Je pense que c’est un circuit qui me réussit et j’espère qu’il réussira à la MV Agusta. Je suis optimiste et j’ai vraiment hâte d’y être. Mon objectif c’est de gagner. Si je suis en mesure de jouer la victoire dans les derniers tours, je prendrai tous les risques pour. Maintenant il faut penser au championnat qui est long. En 2012 à Aragon, je marque zéro point alors que j’aurais pu en marquer 25. Ce sont les points qui m’ont manqués pour être champion, alors je ne referais pas la même erreur cette année.»

Recueilli par Cindy Belpalme